Une édition en ligne

a) Le prototype : une base de données sous FileMakerPro®

Le premier prototype de base de données d'inventaire et d'analyse du fonds a été mis en place par Gérald Rannaud et son groupe de travail. La réalisation et la mise au point de ce prototype furent achevées en 2001, grâce aux travaux conjoints de Gérald Rannaud, Serge Linkès et Jean-Yves Reysset. Réalisée à partir du logiciel FileMakerPro, cette base se présentait sous la forme d'une base de données relationnelle. Elle autorisait des requêtes croisées permettant l'identification de folios et, par la constitution de sélections et sous-sélections, la recherche sur des corpus de textes ou de folios à partir de critères divers (contenus, supports, scripteurs, etc.). Cette base donnait aussi accès aux images numérisées des pages et à leur transcription, mais sans possibilité de les mettre en vis-à-vis.

Base Gérald Rannaud  Base Gérald Rannaud

b) CLELIA : une base documentaire en ligne

Cependant, avec l'essor de la critique génétique et, plus encore, le souci de valorisation du patrimoine culturel français et international auprès du grand public, la nécessité d'inventorier et analyser scientifiquement le fonds s’est doublé de celui de permettre un accès en ligne aux manuscrits ; accès adapté aux besoins à la fois du grand public et des chercheurs spécialistes. Il s’agissait ainsi de donner à voir, à lire et à comprendre les manuscrits de Stendhal.

Les chercheurs littéraires du groupe « Manuscrits de Stendhal » se sont donc associés avec des enseignants du département d'informatique pédagogique (université Stendhal), également chercheurs au laboratoire LIDILEM et à ce titre intéressés par le travail sur le corpus des manuscrits de Stendhal, afin de développer des outils informatiques et linguistiques répondant à ces besoins, notamment de reclassement virtuel et de visualisation des corpus.

Le projet CLELIA a permis de constituer une base documentaire, qui comprend des images numérisées des manuscrits, des transcriptions pour en faciliter la lecture, des données précises sur chaque page, et des enrichissements multimédias.

La base, conçue comme un outil d’aide à l’édition papier, permet par ailleurs un reclassement virtuel des registres de manuscrits… L’intérêt sera aussi à terme de pouvoir confronter les pages, et a fortiori les marginales de Stendhal, à leur intertexte (presse, ouvrages scientifiques, essais, romans de l’époque, parfois aujourd’hui peu connus ou difficilement accessibles…).

La base documentaire est en ligne sur le site des manuscrits de Stendhal depuis le 26 novembre 2009 et est depuis lors alimentée régulièrement. Le site répond ainsi à un double objectif :
• proposer une mise en ligne des manuscrits accessible au grand public et exploitable par des chercheurs spécialistes.
• procéder à une redéfinition de certains documents et ensembles documentaires à partir de l’examen attentif des manuscrits, et proposer une approche éditoriale innovante des écrits de Stendhal.

  

Tous les utilisateurs peuvent consulter les images numérisées des manuscrits et accéder aux transcriptions correspondantes, ainsi qu'à certaines informations concernant la page affichée et le document auquel elle appartient. Les utilisateurs peuvent également effectuer des recherches dans la base documentaire. Une aide contextuelle permet à tout moment d'obtenir plus de renseignements sur les différentes fonctionnalités.

Les utilisateurs ayant créé un compte (gratuit) pourront accéder à des informations plus précises sur les manuscrits (par exemple sur les dates et lieux de rédaction des pages, ou la taille des feuillets), sauvegarder leurs recherches et créer des dossiers de travail regroupant certaines pages de manuscrit en fonction de critères qu'ils auront déterminés (ex. dates de rédaction, scripteur, nature de document, support physique, etc.)

Les transcriptions se présentent sous deux formes différentes : pseudo-diplomatique et linéarisée. La transcription pseudo-diplomatique reproduit, dans la mesure du possible, la mise en page du manuscrit en fournissant une aide à la lecture de celui-ci. La transcription linéarisée privilégie la lisibilité du texte et permet un accès plus facile au contenu du manuscrit.

Ce projet des « Manuscrits de Stendhal » en ligne est coordonné par Cécile Meynard (pour les aspects littéraires) et Thomas Lebarbé (pour les aspects informatiques et linguistiques).
Le site a été intégralement développé par Thomas Lebarbé, assisté par Auriane Faure (aspects ontologies et utilisateurs) et Aïcha Touati (aspects restructuration dynamique).
En mai-juin 2014, le site a été repensé par Elisabeth Greslou, Thomas Lebarbé et Cécile Meynard, et refondu par un stagiaire, Kieran Paccoud, étudiant à l’IUT 1 de Grenoble (2e année Service Réseau de Communication).

c) « Choix éditoriaux »

Outils de transcription

Pour procéder aux transcriptions des pages de manuscrit et à l'encodage des données nécessaires, un formalisme XML de description des transcriptions a été élaboré, en collaboration entre l'équipe Traverses 19-21 et le laboratoire LIDILEM. L'ensemble du dispositif technique, combinant des technologies éprouvées et répandues (PHP, MySQL, XML et outils TAL) a été développé avec l'ambition de le mettre librement à disposition de la communauté scientifique pour la valorisation de manuscrits de manière générale, l'outil conçu étant parfaitement adaptable à d'autres contextes et à d'autres besoins. L’outil et la documentation sont accessibles sur le site de l'équipe.

Modes de visualisation

Nous avons choisi de proposer aux utilisateurs trois modes de lecture des pages de Stendhal :
• l'affichage des pages numérisées seules, à feuilleter l'une après l'autre. Cet affichage intéressera le grand public curieux de voir un manuscrit de Stendhal, de se faire une idée de sa manière d'écrire, de voir les manuscrits de romans inachevés, etc. Il intéressera aussi le chercheur maîtrisant bien la lecture de l'écriture de Stendhal, et qui n'a pas besoin d'une aide pour ce déchiffrage.

• L'affichage « transcription linéarisée ». Il s'agit d'une simple aide à la lecture, sans réelle prétention génétique. Cet affichage a pour but de privilégier la lisibilité du texte de la page et des choix ont été effectués pour permettre d'accroître cette lisibilité :
o Les paragraphes et alinéas de Stendhal sont respectés, mais le découpage en lignes dû à la taille du papier n'est pas pris en compte.
o Les mots, parties de lignes, lignes, paragraphes biffés ne sont pas affichés : seul figure le texte "final" (au sens de dernier état du texte sur la page).
o Les abréviations de Stendhal (Ex : R., L.) sont remplacées par leur équivalent dans la pratique traditionnelle de l'édition (Ex : R[eprésentation], L[ouason]).
o En revanche, la mise en forme des mots du texte a été respectée (caractères gras, mots écrits plus gros, plus petits, soulignés...)

•  L'affichage « transcription pseudo-diplomatique ». Autant que possible, la mise en page du texte de Stendhal est respectée (retours à la ligne, taille des alinéas, mots mis en forme...), tout en laissant une facilité de lecture (Ex : les pages et blocs de texte à l'envers ont été affichés à l'endroit).
o Il est impossible d'afficher la mise en forme précise des différents blocs de texte (Ex : marginales à l'envers ou en diagonale, emplacement exact des marginales ou ajouts en marge...), pour des raisons de coût de développement et de traitement automatique. En revanche, l'emplacement, le positionnement, l'orientation, etc. de ces blocs sont systématiquement précisés dans les informations sur l'unité textuelle correspondante.

Normes d’encodage

mot encadré par des chevrons rouges : mot douteux
*...* : illisible
*... ...* : illisible long
[ ] : indique les ajouts d'éditeur : Th[ermid]or, là où Stendhal écrit Th.or

Quand il n'y a pas de scripteur indiqué pour le texte, c'est qu'il s'agit de Stendhal. Dans le cas inverse, le nom du scripteur est toujours signalé.
Nous avons choisi de respecter la ponctuation et la typographie de Stendhal même en linéarisé : certaines phrases commencent donc par une minuscule, et l'emploi des virgules est parfois surprenant. Nous reproduisons également les majuscules en tête de certains noms communs.
Certaines pages ont été barrées d'un trait vertical ou d'une croix, en général pour signifier qu'elles ont été recopiées. Nous avons choisi d'en reproduire tout de même le texte en linéarisé, car ce « barré de suppression » ne relève pas de la même intention qu'une rature ou une biffure horizontale.
Il n'est pas possible de reproduire l'orientation verticale ou en diagonale de certains textes. L'information a toutefois été saisie, et à terme, le moteur de recherche permettra de retrouver les pages concernées.
Quand plusieurs textes sont superposés (par exemple, essais de plume en travers d'une note), nous avons privilégié la lisibilité sur la fidélité de la représentation et transcrit les textes l'un en-dessous de l'autre.
Nous ne pouvons reproduire les graphismes de Stendhal (plans, schémas, etc.) : ils sont décrits et les légendes sont encadrées d'un cartouche jaune clair.
Pour des raisons techniques, il est impossible d'afficher un texte à l'encre biffé au crayon : le texte apparaît grisé.
Nous respectons la pratique de Stendhal qui ne souligne pas toujours les titres des œuvres qu'il mentionne.